Exploitation pétrolière et gazière : techniques, enjeux et projets en Gaspésie

Vous trouverez ici le dépliant 8,5″ x 14″ couleur, pliable en trois, dont le texte suit, ci-bas.

Ici, l’insert 8,5″ x 5,5″ (deux par page) couleur sur la chasse et la pêche avec au verso le montage l’exploitation en photo.

Ici enfin, une brochure imprimable regroupant plusieurs textes sur les projets, les conséquences et les acteurs derrière l’exploitation en Gaspésie. En format lisible à l’écran, ou mis en page en feuillet pour impression.

Portrait de l’eau douce en Gaspésie

Saviez-vous qu’en Gaspésie, on ne compte que quelques dizaines de km² de lacs, mais qu’on y trouve des milliers de kilomètres des rivières à saumons les plus panoramiques et les plus prisées au monde. Avec si peu de lacs, on peut se demander « d’où viennent ces eaux pures et limpides? » D’un réseau souterrain de collecte d’eau de pluie et de fonte des neiges nettoyée et filtrée par la terre, qui s’appelle la nappe phréatique. Pour beaucoup de gens, il s’agit aussi de leur source d’eau potable. La cartographie de ce réseau complexe n’a pas encore été faite. Les Conseils de l’eau du Nord et du Sud de la Gaspésie sont toujours en attente de fonds pour la réaliser.

Trois projets de forage en Gaspésie

Source : SIGPEG, Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles

1- Bourque

Pieridae, la firme albertaine qui a acheté Pétrolia en 2017, veut extraire du pétrole et du gaz à Bourque, 30 km à l’est de Murdochville. Le site de Bourque se situe à la tête des bassins versants des rivières York et Dartmouth, deux importantes rivières à saumons qui s’écoulent dans la Baie de Gaspé. Bourque no 1 et no 3 ont subi des « nettoyages à l’acide » avec certains produits connus pour leurs caractères toxique, bioaccumulable et persistant dans l’environnement.

« Le plan de développement de la compagnie repose sur le développement de la fracturation hydraulique multi-stage. » ‒ 30 septembre 2017, rapport indépendant de Sproule sur le projet Bourque, commandé par Pétrolia

2- Galt

Junex propose le développement de Galt, situé aux limites du territoire municipal de Gaspé. La firme a extrait 18 000 barils de son puits Galt 4, avec des pointes à 161 barils par jour. Le puits Galt 5, foré non loin de là, n’a pas donné de rendement significatif.

« Si on veut, précise M. Lavoie [à propos de Galt], soutirer des volumes importants qui pourraient faire une différence dans la balance du Québec, il faudra utiliser des forages horizontaux et éventuellement de la fracturation. » 27 mars 2013, Radio-Canada

3- Haldimand

Pieridae propose aussi d’extraire du pétrole à Haldimand, au cœur d’un quartier résidentiel de Gaspé. Le puits no 4, qui a subi une « stimulation » à l’acide dont la recette demeure secrète, se situe à 350 mètres de la maison la plus proche. Le puits no 1 a subi un test de fracturation. L’ensemble des installations de forage se situe à proximité des maisons et des puits d’eau potable du quartier.

« La société pétrolifère travaille à l’élaboration d’un programme de stimulation. La fracturation hydraulique est une des possibilités de stimulation. » 9 septembre 2016, TVA

Potentiel pétrolier de la Gaspésie

BourqueGaltHaldimandTotal
Ressources potentiellement
récupérables
(millions de barils de pétroles)
2,28,17,718
Nombre de jours de consommation du Québec (à 400,000 barils par jour)5,520,519,2545

Sources pour les ressources potentiellement récupérables :Bourque, Galt, Haldimand

La fracturation, en quelques mots…

La fracturation est une technique requise pour extraire du pétrole ou du gaz des gisements non conventionnels. « Non conventionnel » signifie que le pétrole ou le gaz ne peut donc pas circuler librement vers le puits et être extrait en quantité suffisante pour assurer un rendement commercial.

« Fracturer » signifie briser la roche. Comment? En injectant de l’eau mélangée à un cocktail de dizaines de produits chimiques secrets. Combien d’eau? Pour un seul puits de 2 km, 10 piscines olympiques! D’où vient l’eau? Les compagnies se servent à 0,07$ le m3 dans nos sources d’eau potable.

L’exploitation avec ou sans fracturation

Les eaux de procédé

Au champs gazier de Pineadale au Wyoming, les eaux de procédé sont entreposées dans des bacs à ciel ouvert en attendant d’être traitées. Photo : Ecoflight.

De 10 % à 80 % du liquide de fracturation injecté remonte dans le puits en transportant non seulement ses propres substances toxiques mais aussi des éléments de la formation géologique souterraine comme des bactéries, de l’eau salée, des métaux lourds et des isotopes radioactifs. La gestion de ces eaux toxiques pose plusieurs problèmes auxquels il n’y a pas de solution miracle. Une fois décantées à la surface, elles peuvent être transportées sur des centaines de kilomètres vers une station de traitement spécialisée, ou simplement réinjectées dans un puits très profond. Les eaux de procédé peuvent remonter à la surface tout au long de l’exploitation, qu’il y ait fracturation ou pas.

Produits chimiques toxiques

Plusieurs produits utilisés par l’industrie demeurent toxiques, bioaccumulables ou persistants dans l’environnement après leur retour à la surface. C’est le cas du 1,2,4-triméthylbenzène et du solvant naphta aromatique lourd, injectés aux puits de forage de Bourque dans le contexte de l’opération de « nettoyage à l’acide » en juillet 2017.

Les risques pour l’eau

Vue en coupe d’un puits respectant la distance séparatrice de 500 m et la marge verticale de profondeur de 600 m. Des failles dans le sous-sol peuvent permettre aux substances toxiques de remonter à la surface ou dans la nappe phréatique. Image gracieuseté de Marc Durand

Dans les zones d’exploitation, des déversements de pétrole et d’eau de procédé se produisent fréquemment  :

Aucun puits n’est éternel!

Un puits est fait d’un tuyau d’acier maintenu en place par un coulis de béton. Avec le temps, la pression et les conditions salines de l’eau souterraine entrainent une dégradation du ciment et de l’acier du puits, tandis que la pression résiduelle du gisement génère des fuites. Du pétrole, des eaux de procédé et du gaz naturel peuvent alors migrer vers la surface. Le pétrole et les eaux de procédé peuvent ainsi contaminer les eaux de surface et souterraines. Le gaz naturel, composé de méthane, est pour sa part un puissant contributeur au réchauffement climatique. Selon une étude du gouvernement américain, 5 % des puits présentent des fuites dès la première année, tandis que 60 % des puits fuient après 30 ans. En 1999, Foragaz, division de Junex, a fermé 23 puits dans le cadre d’une entente avec le gouvernement du Québec. Des inspections menées à l’été 2017 par le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles ont établi qu’il y a des remontées d’hydrocarbures à l’emplacement d’au moins 4 de ces puits.

Fermé en 1999 par Foragaz, le puits C036 se situe à quelques mètres de la maison la plus proche et présente toujours des fuites de pétrole incontrôlées. Photo : rapport d’inspection du ministère.
Contamination autour du puits CS29, foré en 1985 et également fermé par Foragaz en 1999. Photo : rapport d’inspection du ministère.