Le tiers des mandats de lobbyisme de la Fédération des Chambres de commerce du Québec vise la promotion des mines et des hydrocarbures (17/46). Tous constituent des mesures régressives pour l’environnement, mesures auxquelles le gouvernement a répondu favorablement dans tous les cas!! On comprendra pourquoi la FCCQ propulse les mines et les hydrocarbures : tandis que Françoise Bertrand, l’ancienne PDG de la FCCQ, agit aussi à titre de lobbyiste pour la minière aurifère Ossisko, Alexandre Gagnon, ancien PDG de Pétrolia, agit maintenant comme lobbyiste pour le compte de la FCCQ.
Nous avons reproduit ailleurs l’ensemble de ces 17 mandats, extraits du registre la semaine du 23 janvier 2017. Vous trouverez dans les lignes qui suivent une analyse sommaire de certains de ces mandats, davantage liés aux enjeux régionaux :
– la « demande au gouvernement de mettre en place un cadre d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures afin que les projets en cette matière puissent aller de l’avant » : cette demande a reçu un écho dans l’adoption de la loi 106 sous bâillon le 9 décembre dernier.
– « La FCCQ exprime des craintes à l’égard d’un document qui concerne les orientations du gouvernement en matière d’aménagement » dans le sens où « les orientations, telles qu’elles sont actuellement libellées, visent à soustraire du territoire à l’activité minière »; ainsi, elle demande « que la gestion des ressources naturelles demeure une compétence exclusive du gouvernement provincial », que les municipalités et les MRC n’aient pas droit de regard : la loi 106 prévoit que les claims pétroliers actuels ont préséance sur les schémas d’aménagement des MRC, et le processus qui permettrait aux MRC de soustraire une partie du territoire à l’exploitation des hydrocarbures exclut les claims existants, i.e. tous le territoire susceptible de renfermer des hydrocarbures. Il s’agit d’une doléance majeure des élus municipaux à l’égard de la loi 106.
– l’appui de la FCCQ « à l’égard de l’exploration pétrolière qui doit se mettre en branle cet été à l’Île d’Anticosti » (été 2014) : Alexandre Gagnon, ancien PDG de Pétrolia et lobbyiste pour la FCCQ, a obtenu une rencontre avec Philippe Couillard après laquelle le gouvernement a consenti à aller de l’avant avec l’exploitation sur Anticosti, après plusieurs volte-face.
– sa demande de « réalisation de quelques projets de démonstration sur les gaz de schiste qui permettraient de démontrer que l’exploration et l’exploitation peut se faire de façon sécuritaire », de « ne pas imposer de nouveau un moratoire sur le gaz de schiste » : le ministre Arcand a souligné que pour lui, le débat est clos sur l’exploitation des hydrocarbures. La loi 106 permettra d’aller de l’avant avec des projets de « démonstration » à Haldimand, Galt, et sur Anticosti. L’EPA (le ministère de l’environnement des États-Unis) vient de publier un rapport indiquant les risques élevés liés à la fracturation hydraulique.
– la demande au gouvernement d’appuyer financièrement le projet Bourque de Pétrolia : un vœu exaucé en juin 2016 par l’injection de 12,3M$ dans le projet Bourque.
– « de maintenir le statu quo pour le régime de redevances minières et ainsi ne pas apporter les changements prévus en campagne électorale » : la cimenterie de Port-Daniel ne paie, selon nos informations, aucune redevance sur le minerai extrait.
– « demande au gouvernement d’appuyer l’inversion du pipeline de la ligne 9 » et « de respecter la compétence et l’expertise de l’Office national de l’énergie » : en août dernier, des militants ont interrompu les audiences de l’ONÉ en raison des multiples défaillances du processus. Les commissaires avaient rencontré en privé Jean Charest, alors lobbyiste pour TransCanada, dans le but de comprendre comment faire accepter le pipeline Énergie Est.