Montréal, le 23 mai 2018
Monsieur Pierre Moreau,
Ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles,
Ministre responsable de la région de la Gaspésie – Îles-de-la-Madeleine
5700, 4e Avenue Ouest
Québec (Québec) G1H 6R1
OBJET : Démantèlement annoncé du Camp de la Rivière en Gaspésie
Monsieur le Ministre,
Dans le contexte de votre demande de démantèlement du Camp dit de la Rivière, en Gaspésie, nous nous adressons à vous en tant que ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles et ministre responsable de la région de la Gaspésie afin de vous mettre en garde contre une intervention susceptible d’envenimer la situation à Gaspé et dans ses environs.
Nous sommes des organisations reconnues dans la protection du climat et de l’environnement en général. Nous comprenons ce qui peut animer les citoyens et citoyennes qui se trouvent, de temps à autre, au Camp de la Rivière : mettre fin à de nouvelles structures et infrastructures contribuant à extraire des ressources fossiles non-renouvelables du sous-sol, et ce, pour la protection des écosystèmes, du climat planétaire et du bien-être des générations à venir.
Au-delà des considérations sur la légalité des installations du Camp dit de la Rivière, nous portons à votre attention que les citoyennes et citoyens qui y sont présents désirent légitimement utiliser cet endroit comme lieu de rencontre et de surveillance, exerçant ainsi leur droit légitime à la liberté d’expression et ce, sans mettre en péril l’environnement ni utiliser de moyens violents. Il serait malheureux que l’état utilise la force pour faire taire les voix de citoyennes et citoyens pacifiques qui cherchent à s’exprimer et à manifester par l’entremise de ce Camp.
Nous vous rappelons que selon le sondage commandé par la MRC de la Côte-de-Gaspé, dont les résultats ont été divulgués en janvier dernier, 90 % des citoyennes et citoyens de la région jugent essentiel que le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) procède à l’évaluation des impacts sur l’environnement des projets pétroliers et gaziers en Gaspésie(1). En effet, la population n’a jamais eu l’occasion de s’informer convenablement sur les conséquences de l’établissement de la filière des hydrocarbures en Gaspésie, ni de s’exprimer à ce sujet. Dans ces circonstances, refuser la tenue d’un BAPE tout en muselant par la force la voix des citoyens enverrait un signal dangereux pour la paix sociale, partout au Québec.
Nous vous prions de ne pas utiliser la force pour régler un contentieux qui peut être géré par les institutions que le Québec s’est données à cette fin. Monsieur le ministre, nous vous demandons de respecter la liberté d’expression et de rassemblement des citoyennes et citoyens qui s’inquiètent de voir les forages reprendre à n’importe quel moment au site Galt de Junex, et de consentir à la tenue d’une véritable consultation par la tenue d’un BAPE, tel que la population le demande.
Dans l’espoir que vous accueillerez favorablement notre demande, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de nos sentiments distingués.
Karel Mayrand, directeur de la Fondation David Suzuki au Québec
Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie, Greenpeace Canada
Marc Brullemans, coordonnateur général et porte-parole par interim, Regroupement vigilance hydrocarbures Québec
Marie-Josée Renaud, coordonnatrice, Union paysanne
Éric Ferland, Foire ÉCOSPHÈRE
Irène Dupuis, Comité vigilance hydrocarbures de la MRC de Lotbinière
Hélène Crevier, Alerte Pétrole Rive-Sud
Marc Ferland, Saint-Antoine-de-Tilly – Milieu de vie
Guy Rochefort, Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain
Céline Lachapelle, Action Environnement Basses Laurentides (AEBL)
Marc-André Fortier, Comité vigilance hydrocarbures de la MRC de Lotbinière
Audrey Yank, Fondation Coule Pas Chez Nous