Nous avons donné ailleurs un aperçu de la distinction entre les gisements conventionnels et non-conventionnels. Qu’en est-il à Haldimand?
Le puits Haldimand 4 se situe à 350 mètres de la résidence la plus proche. Il traverse la formation de York River sur une distance de 2630 mètres. L’image suivante montre l’assemblage des couches rocheuses dans la péninsule Haldimand, ainsi que la localisation des puits Haldimand No1 et No2 de Pétrolia.
Comme le puits Pétrolia Haldimand No2, la tête du puits Haldimand No4 se situe à peu près à mi-chemin entre la faille de Haldimand et la faille du Bras Nord-Ouest. La portion horizontale du forage longe la faille de Haldimand dans la formation York River. À cet endroit, la formation York River mesure environ 500m d’épaisseur.
Le puits Soquip Douglas 1 se situe à peine à quelques km à l’est du puits Haldimand 1. Malheureusement, ce puits intercepte la formation de York river à l’est de la faille de Haldimand, tandis que les puits Haldimand 1, 2 et 4 de Pétrolia la traversent à l’ouest. Par contre, les données sur la formation de Battery Point demeurent valides, dans la mesure où le puits la traverse à l’ouest de la faille de Haldimand, i.e. dans le même secteur que les 3 puits Haldimand de Pétrolia. Le tableau suivant, tiré d’une étude réalisée par les géologues K. Hu et D. Lavoie, montre les données de porosité et de perméabilité pour les différentes formations traversées par ce puits.
Les géologues décriraient la formation Battery Point en disant qu’il s’agit de système à porosité mixte mais à faible perméabilité. Autrement dit, il y a des bulles plus ou moins grosses qui ne se touchent pas assez pour former une système où un fluide peut s’écouler librement. De manière générale, la perméabilité des formations Battery Point et York River se situe sous 1 microDarcy pour le puits Douglas No1.
On obtient la viscosité du pétrole découvert à Haldimand 4 à partir de la densité de 53 degrés API divulguée dans le communiqué du 2 septembre 2016 de Pétrolia, à laquelle on applique un facteur de conversion. En rapportant ces données dans le graphique de Cander, on obtient ce graphique pour la formation York River :
(Sources : Harris Cander pour la figure, Communiqué de Pétrolia pour la densité du pétrole)
La figure ci-dessus illustre bien le fait que Pétrolia ne pourra jamais extraire les hydrocarbures à Haldimand sans utiliser une méthode de stimulation. La compagnie le confirme d’ailleurs dans son communiqué du 2 septembre 2016 : « il a été constaté que la formation est peu perméable et qu’il s’agit d’un système à porosité mixte ». En fait, la compagnie a constaté ce qu’elle savait déjà, ayant foré Haldimand No1 et No2 dans les mêmes formations rocheuses. Les scribes de l’INRS, constataient déjà que le bassin Haldimand s’apparente au bassin du Bakken, au Dakota du Nord, dans lequel l’industrie pratique allègrement la fracturation, dans le contexte de l’étude « Établissement des bassins analogues » de l’Évaluation Environnementale Stratégique sur les hydrocarbures.
La compagnie refusait cependant d’avouer jusqu’à tout récemment qu’elle devrait recourir à la fracturation pour rentabiliser ses investissements à Haldimand. Le chat sort du sac dans le communiqué de septembre dernier : « Ainsi, afin d’améliorer la productivité de la formation, Pétrolia et son partenaire Québénergie travaillent donc à l’élaboration d’un programme de stimulation qui permettrait de procéder à une mise en production optimale du gisement Haldimand. » Jean-François Belleau commentait ainsi la situation sur les ondes de Radio-Gaspésie peu après la sortie du communiqué : « La stimulation d’un puits, c’est tout simplement l’injection de liquide ou de gaz, comme l’azote dans la stimulation, il y a le nettoyage il y a des méthodes de complétions, il y a beaucoup de choses qui peuvent être mises de l’avant pour stimuler un puits donc exactement comme ce qu’on a fait à Haldimand 4 après le forage, on a fait un nettoyage; la stimulation, c’est une opération du même type, mais avec un peu plus d’ampleur. » Juste assez plus d’ampleur pour que le roc souterrain s’émiette, se dissolve. Se fracture.
À venir : le B-A-BA du forage pétrolier contemporain