Hydrocarbures et fracturation en Gaspésie : état des lieux

Peut-on extraire des hydrocarbures en Gaspésie sans avoir recours à la fracturation? À partir d’informations glanées dans différents rapports scientifiques, il nous semble impossible que Junex ou Pétrolia extraient des hydrocarbures avec un rendement commercial sans avoir recours à la fracturation. Le gros bon sens commandait déjà le constat : puisque aucun des 175 puits déjà forés en Gaspésie depuis les débuts de l’exploration pétrolière dans la région en 1860 n’a donné lieu à une production commerciale avec les techniques conventionnelles, les chances restaient assez minces que les nouvelles compagnies y parviennent mieux que les anciennes. L’analyse de données géologiques qui suit nous permet de conclure avec plus de certitude qu’elles ne pourront exploiter sans fracturer.

Levons d’abord le voile sur le concept de gisement conventionnel. Les travaux de Harris Cander, directeur du groupe de recherche sur le non-conventionnel à l’Association Américaine des Géologues Pétrolifères, l’AAPG, ont permis d’offrir des mesures quantitatives du concept. On peut parler d’un gisement conventionnel si la roche-mère est suffisamment perméable pour laisser s’écouler librement les hydrocarbures, en fonction de leur viscosité. Dans une formation géologique de gaz ou de pétrole de schiste, à gauche dans le graphique ci-dessous, l’industrie a recours à la fracturation pour extraire des hydrocarbures. Dans le cas d’hydrocarbures très visqueux, situés dans le haut du graphique, impossible de les faire couler sans les fluidifier, par l’injection de vapeur par exemple. Un peu comme chauffer du miel pour qu’il coule du pot. Pour un gisement qui se trouve en haut à gauche du graphique, l’industrie doit recourir aux deux techniques simultanément pour obtenir des débits commerciaux.

Bien entendu, une formation géologique n’est pas uniforme. Un puits horizontal permettra de rencontrer des zones plus perméables, dans lesquelles les hydrocarbures peuvent déjà migré. Ces «bulles» expliquent les débits plus ou moins généreux que Pétrolia et Junex ont obtenu lors de leurs essais de pompage à Galt et à Haldimand. À elles seules, selon nous, elles ne permettront pas d’obtenir des rendements suffisants pour justifier une exploitation commerciale sans fracturation.

Les grosses bulles qui renfermaient des poches d’hydrocarbures suffisantes pour justifier une exploitation commerciale ont pour la plupart déjà été découvertes et exploitées. Voilà pourquoi les experts parlaient déjà de «peak» pétrolier au milieu des années ’70. Pour en savoir davantage sur cette notion, et pour le contexte énergétique mondial en général, visionnez l’incontournable documentaire animé «Sans lendemain».

Vous pouvez consulter en cliquant sur le nom des trois gisements ci-dessous une analyse plus détaillée qui met en lien les travaux de Cander et l’information géomorphologique disponible publiquement :

Aussi en route, le B-A-BA des forages, et les risques liés aux forages et à la fracturation.