Nous avons donné ailleurs un aperçu de la distinction entre les gisements conventionnels et non-conventionnels. Qu’en est-il à Bourque, propriété actuellement détenue par Pétrolia?

Les puits Bourque de Pétrolia se situent à environ 30 km des villes de Murdochville et de Grande-Rivière, et environ 70 km à l’ouest de Gaspé, dans le territoire non-organisé Collines-du-Basque. L’eau qui passe à proximité de ces puits circule dans le ruisseau Patch, qui à son tour se jette dans la rivière York, splendide rivière à saumon qui se déverse dans la baie de Gaspé. Les différents forages dans le secteur de Bourque visaient la formation de West Point. Malheureusement, les données géologiques relativement à la porosité et à la perméabilité pour la structure de Bourque demeurent confidentielles. Le forage le plus rapproché, le puits Blanchet 1 (C096), se trouve trop loin et n’intercepte pas la formation West Point, celle visée par Pétrolia dans ses forages à Bourque.

Faute de données géologiques propres au réservoir de Bourque, nous nous rabattons sur un réservoir analogue. Selon l’étude de l’INRS «Établissement des bassins analogues» de l’Évaluation Environnementale Stratégique sur les hydrocarbures (favorable à l’industrie notons-le) «Des réservoirs analogues seront souvent exploités par des techniques semblables.» L’analogue proposé pour Bourque dans cette étude est le Mississipian Limestone du bassin d’Anadarko, au Kansas : «Le Mississippian Limestone a été foré verticalement depuis les années 1940, mais ce n’est que depuis 2007 que des forages horizontaux ont été réalisés au sein de cette unité géologique. De plus, lorsque les taux de récupération sont trop bas, certaines compagnies ont recours à la fracturation hydraulique pour augmenter la perméabilité du réservoir, mais cette pratique demeure marginale au sein du Mississippian Limestone.» Nous soulignons.

Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire que cette pratique demeure marginale? Les  scribes de l’INRS ne donnent aucune source à l’appui de cette affirmation pour le moins rassurante. La Kansas Geological Survey, l’organisme responsable de la publicité des données géologiques au Kansas, nous informe en ces termes : «Poor drainage in hydrocarbon production of the Mississippian limestone reservoirs has hampered its oil-field development for decades.» Pendant des décennies, donc, la faible perméabilité dans cette structure a empêché le développement des hydrocarbures. «Rocks in the play often have excellent porosity due to numerous and large pores but are plagued by poor permeability, where pores are isolated from each other or poorly connected.» Une bonne porosité, mais une faible perméabilité, comme Pétrolia l’a dit à propos de Haldimand No4, ce qui nous amenait à conclure que l’exploitation commerciale ne pouvait se faire sans fracturation. Peut-on encore parler d’une pratique marginale quand 90% des puits qui seront forés au Kansas durant la prochaine décennie seront fracturés? («an estimated 90% of the wells drilled in Kansas over the next decade will be fractured«)

Les auteurs de l’étude de l’INRS amalgamaient sans doute l’ensemble des puits forés dans l’histoire du Mississipian Limestone. Si on faisait l’exercice à propos de la Gaspésie, on arriverait à des résultats semblables : aucun puits fracturé depuis le début des recherches d’hydrocarbure, en 1860, qui ont donné lieu à plus de 175 forages. Cette pratique demeure donc marginale, voire inexistante, dans la péninsule! Elle demeure cependant nécessaire afin d’extraire du pétrole et du gaz avec des rendements qui permettent de rentabiliser les puits.