Nous avons donné ailleurs un aperçu de la distinction entre les gisements conventionnels et non-conventionnels. Qu’en est-il à Galt, propriété actuellement détenue par Junex?
Les puits Galt de Junex se situe à environ 20 km de la ville de Gaspé, juste au nord de la rivière York et de la route 198 qui relie Gaspé et Murdochville. Les différents forages dans le secteur de Galt ont permis de découvrir des traces d’hydrocarbures dans plusieurs formations rocheuses, notamment la formation de Forillon et de Indian Cove. L’image suivante, tirée de l’étude « Établissement des bassins analogues » de l’Évaluation Environnementale Stratégique sur les hydrocarbures, montre l’assemblage des couches rocheuses dans la région de Galt, ainsi que la localisation de divers puits forés dans le secteur par Junex et ses prédécesseurs.
Les hydrocarbures en place qui intéressent Junex se situent dans les formations de Indian Point et de Forillon. Junex a foré son puits Galt 4 dans le calcaire de Forillon, comme le montre la figure suivante, tirée du même document. Le puits Galt 5 traverse quant à lui la partie inférieure du calcaire Forillon et la partie supérieure de la formation de l’Indian Point, selon le communiqué de Junex. Junex n’a jamais déclaré d’intention d’effectuer un forage dans les autres formations rocheuses sur le territoire de Galt.
Le puits Galt 1 de la Soquip a permis de mesurer de manière assez précise la porosité et la perméabilité de chaque formation rocheuse qu’il traverse. Le tableau suivant, tiré d’une étude réalisée par les géologues K. Hu et D. Lavoie, montre les données de porosité et de perméabilité pour les différentes formations traversées par ce puits.
Les géologues décriraient les formations Forillon et Indian Point en disant qu’il s’agit de système à porosité mixte mais à faible perméabilité. Autrement dit, il y a des bulles plus ou moins grosses qui ne se touchent pas assez pour former une système où un fluide peut s’écouler librement. De manière générale, la perméabilité des formations Forillon et Indian Point se situe respectivement à 95% sous 1 micro-darcy et à 100% sous 0,1 mD pour le puits Galt No1 de la Soquip (C100).
On obtient la viscosité du pétrole extrait à Galt 4 à partir de la mesure de densité de 46°API, divulguée dans le communiqué du 22 juin 2010 de Junex, à laquelle on applique un facteur de conversion. En rapportant ces données dans le graphique de Cander, on obtient ce graphique pour la formation Forillon :
(Sources : Harris Cander pour la figure, Communiqué de Junex pour la densité du pétrole)
La figure ci-dessus illustre bien le fait que Junex ne pourra jamais extraire commercialement les hydrocarbures à Galt sans utiliser la fracturation. La compagnie n’en a jamais fait l’annonce officiellement; Peter Dorrins, ancien président de Junex, disait plutôt qu’il espérait ne pas en venir à fracturer, en interceptant le plus de failles naturelles possibles lors des forages horizontaux, sans toutefois exclure complètement l’option (lors d’une communication personnelle). Si ces failles existent et permettent bel et bien de récupérer une partie des hydrocarbures ayant migré en leur sein, elles ne suffisent à elles seules à diriger un volume d’hydrocarbure suffisant pour rentabiliser le forage. Les échantillons de la formation ayant une perméabilité supérieure à 1mD, seuil minimal pour laisser circuler librement du pétrole à 46 °API, ne constituent que 5% des échantillons prélevés lors du forage Soquip Pétro-Canada Impérial Galt1. Assez pour obtenir une production de quelques milliers de barils pendant un court laps de temps, mais largement insuffisant pour rentabiliser le forage de plusieurs puits à plusieurs M$ chacun.
À venir : le B-A-BA du forage pétrolier contemporain